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Retranscription de l'interview sur le sujet de Notre-Dame-Des-Landes avec Nicolas Hulot

Journaliste de radio (J):«Vous intervenez sur l’antenne d’Europe 1 en tant que président de la fondation de la nature et l’homme, vous acceptez le résultat de ce référendum? Vous étiez opposant à l’aéroport, est-ce que vous en acceptez le résultat?»

Nicolas Hulot (N):«Écoutez, on ne peut pas demander d’aller voter et puis si après, le résultat ne nous plaît pas, ne pas en tenir compte. J’en prends acte et profondément attristé, parce que je vois cet espèce de rouleau compresseur d’artificialisation des sols de destruction des biodiversités qui ne s’arrêtent jamais. Je suis triste de la décision, je

comprends les arguments des uns et des autres, mais je crois que l’on a pas réalisé quel était la situation environnementale du monde. Et, surtout moi, ce qui m’attriste, c’est qu’on en arrive là à un tel degré de violence et d’opposition. C’est une démonstration que la démocratie participative ne fonctionne pas dans notre pays, simplement

parce qu’elle est souvent un habillage, c’est à dire que l’on consulte les gens une fois que les décisions sont prises, on leur demande simplement de valider des décisions.»

J:«Le référendum ce n’est pas tout à fait ça.»

N:«Je ne veut pas avoir l’air d’un mauvais perdant, mais c’est que chacun sait que ce référendum a été fait en dépit de bon sens. Il a été fait sur un territoire qui n’est pas représentatif. L’aéroport du Grand-Ouest, économiquement, ce sont plusieurs régions de plusieurs départements qui participent. ll fallait une consultation plus large»

J:«Faut-il en tenir compte? Parce que le débat est terminé, pour vous.»

N:«A partir du moment où il y a un référendum, j’étais le premier à dénoncer que le périmètre de ce référendum n’était pas suffisamment représentatif et quitte à avoir une sortie par le haut, il fallait faire un référendum en bonne et due forme, ça aurait, je le pense légitimé encore plus la décision, enfin ce référendum a été fait, il a été massivement voté pour le oui. Au gouvernement maintenant de prendre ses responsabilités, mais ça n’enlèvera pas la détermination

de quelques-uns, parce qu‘encore une fois, je regrette dans ce projet que la démocratie participative et que des alternatives n’aies pas été étudiés. Mais tout ça fait partie de la plénification du XXème siècle qui perdure dans le XXIème siècle quand nous aurons bétonné tous les hectares de terres agricoles en France, peut-être que chacun se réveillera et se dira, merde on a vraiment commis une connerie.»

J:«On y reviendra, mais Nicolas Hulot, est-ce-que vous dîtes, vous, à toutes les personnes qui sont opposés à cet aéroport: «respectez la démocratie, un choix a été fait et passons à autre chose»?»

N:«Je ne vais pas substituer aux consciences des uns et des autres. Je ne suis pas sur le terrain, Moi, je prends acte de ce vote démocratique. Je le regrette.»

J:«Vous ne dîtes rien aux opposants, vous ne leur dîtes pas qu’il est inutile de continuer ce combat là?»

N:«En ce qui me concerne, je m’incline, mais chacun doit en tirer des leçons, ce n’est pas encore à moi de le dire aux uns, aux autres. En ce qui me concerne, je pense qu’on ne peut pas demander un référendum et après, sous prétexte que la réponse ne nous convient pas, s’opposer aux décisions puis en découdre.

J:«Est-ce-que cela renforce votre envie de modifier votre réflexion sur la prochaine échéance qui arrive, c’est-à-dire l’élection présidentielle?»

N:«Non, ça nourrit évidemment ma réflexion sur le fait que ces sujets là ne sont pas à l’ordre du jour, que le sujet de la biodiversité est un sujet qui nous est totalement étranger, que la disparition des terres agricoles et des zones humides, visiblement, n’affecte plus personne. Que ce sujet ne soit pas encore inscrit dans notre culture. Et que j’espère que dans les 12 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle, l’enjeu écologique, pas d’une manière domotique, pas d’une manière caricaturale, refasse surface, pour que chacun comprenne que ce n’est pas un enjeu optionnel, que ça conditionne notre avenir, notre liberté, notre économie.»

J:«De votre point de vue, Nicolas Hulot, c’est un débat essentiel qui doit s’installer dans les campagnes présidentielles?»

N:«J’espère que nous allons pas le sous-traiter, que l’on ne va pas encore le traiter à la marge. J’espère qu’après la conférence de Paris, aux 168 États, sont venues encore une fois, poser des diagnostics que le sort de l’humanité est en train de se régler, et que les engagement de la COP (Conference of parties) ne nous permettent pas de continuer un modèle économique à l’identique. Il va falloir faire des choix, il a y des choses auquel il va falloir renoncer. L’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes était un cas d’école à ce à quoi il va falloir renoncer à l’avenir, sinon les mots n’ont plus de sens, les objectifs n’ont plus de sens.»

J:«Mais à part vous Nicolas Hulot, qui peut porter ce débat dans l’élection présidentielle?»

N:«On le verra. Il n’est pas interdit de penser que certains vont avoir un sursaut de conscience. Mais, si qui que ce soit veut se prétendre dans la modernité, se prétendre comme un acteur du XXIème siècle et ignore ces paramètres, qui sont les paramètres essentiels et cruciaux du XXIème siècle, alors ce n’est pas faire démonstration de la modernité.»

Lien pour la vidéo: http://www.europe1.fr/politique/hulot-le-referendum-de-nddl-nenlevera-pas-la-determination-de-certains-2783491

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